La crise a révélé les failles des pays développés comme des PMA

Publié le par The Grey Wolf

La crise mondiale a aggravé la pauvreté un peu partout dans le monde, mais elle a fait ressortir les failles structurelles des économies des pays développés, ainsi que leurs qualités.


La modération salariale peut-être à l'origine de la crise

Les politiques de modération salariale ont amplifié la crise et pourraient même en être partiellement à l’origine. Avec des salaires modérés, des pays comme l’Allemagne dépendent principalement de leurs exportations et d’autres comme les USA de leur dette publique et privée. Les transferts de salaire des salariés à forte propension à consommer vers des personnes à haut salaire (donc à moindre propension à consommer) ont fait diminuer la demande globale. Les placements d’épargne se sont accumulés dans les banques, qui ont fait fructifier cet argent sur les marchés financiers et y ont mêlé des produits toxiques. La justification de la modération des salaires qui consiste à souligner qu’elle fait baisser le marché noir et apporte ainsi à des familles pauvres un véritable revenu ne tient pas la vérification historique : le marché noir n’a pas augmenté avec les salaires en Irlande. A noter qu’en 2009, la croissance des salaires de l’Asie a atteint 8%, alors que celle des pays développés était de 0,6% (et négative, à -0,5%, l’année précédente).

 

Les bienfaits des systèmes de protection sociale

En revanche, les systèmes de sécurité sociale des pays développés ont amorti le choc et d’après le secrétaire général de l’Association internationale de la sécurité sociale (Hans-Horst Konkolewsky), il faudrait que chaque pays assure un tel système à ses habitants. Il rappelle d’ailleurs que la sécurité sociale est un droit inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, et plaide pour son extension aux populations les plus pauvres. Il existe toute sorte de systèmes de protection sociale, et ceux qui s’appuient sur le marché peuvent être efficace, à condition qu’ils comportent une part solide de public. Le BIT semble avoir démontré la faisabilité économique d’un socle de protection sociale internationale, qui concerne 80% de la population sans couverture sociale. Cela permettrait de protéger une sorte de « capital social » qui peut sembler aux néolibéraux inutiles mais dont nous savons que lorsqu’il est épuisé, c’est qu’une crise se profile. On ne fera pas tourner des économies avec des masses de populations pauvres.

 

Le nombre de personnes très pauvres augmente

Et c’est une mauvaise nouvelle, parce que le nombre de personnes pauvres a justement augmenté ces dernières années. La situation des PMA (pays les moins avancés) est particulièrement alarmante : d’après le rapport 2010 de la Conférence des Nations unies pour le développement (Cnuced) sur ces pays, le nombre de pays très pauvres a doublé ces quarantes dernières années. Pareil pour le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. En 2007, 53% de la population des PMA, soit 412 millions d’habitants,  vivaient dans l’extrême pauvreté – et c’était encore une année de vaches grasses. Pire, leur modèle de développement, une « croissance portée par le commerce » « semble n’avoir pas très bien fonctionné ». Si la consommation n’a pas apporté la croissance ni le développement dans ces pays, l’épargne qui a (entre autres) provoqué la crise de nos pays développés leur promettra-t-elle un avenir meilleur ? Sans parler même de la croissance, quels outils pouvons-nous utiliser afin d’assurer un minimum de confort à nos populations autour du globe ?

 

Une difficile sortie par les PMA de leur cercle vicieux

Ces PMA sont encore très dépendants des importations (en particulier alimentaires), ce qui les rend très fragiles. Les dépenses pour ces importations sont passées de 9 milliards de dollars en 2002 à 23 milliards en 2008. La consommation reposait donc principalement sur des produits venant de l’extérieur. Obtenir la capacité de produire eux-même ce sont ils ont besoins (sans aggraver encore l’épuisement de leurs ressources naturelles) permettrait certainementn à ces pays de sortir de l’impasse. Mais ils faudrait pour cela qu’ils disposent de l’argent disponible pour investir dans l’éducation, ou qu’ils bénéficient de transferts de technologie. Acheter les machines dont ils ont besoin à d’autres pays améliorerait leur productivité pendant un temps, mais à long terme, ils seraient dépassés par les innovations. Pour reprendre l’exemple que l’on attribue généralement à Lao-Tseu « si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour ; si tu lui apprends à pêcher, il mangera tous les jours », si on apprend à un homme à pêcher avec un harpon près des côtes, son poisson ne sera plus vendable (car trop cher) le jour où son voisin achètera un chalutier. Quant à elle, la Cnuced appelle à impliquer davantage les PMA dans la gouvernance financière, tout en leur assurant une plus grande assistance financière. Ils risquent d’en avoir crucialement besoin si le réchauffement climatique se prolonge.

Source principale : divers aricles du Monde.

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